Depuis 13 années, Temenik Electric brouille les pistes avec sa pop épique, son arabian-rock et ses transes électrorientales. Plus d’une décennie à manier l’art du contre-pied, à désorienter les langues et les regards, à croiser les identités et les territoires. 2 EP, 2 albums et 200 concerts plus tard, le collectif marseillais mené par Mehdi Haddjeri demeure toujours un combo affranchi des clichés et du prêt-à-penser. Une sensation rock qui se révèle davantage dans les brumes de son dernier opus.

– NEWS –

Nouvelle vidéo live au Mediator à Perpignan (ci-contre)

Avec ce nouvel album, le groupe va plus loin, ou plus proche, selon le point de vue, esquissant une géographie sonore à l’instar de ces quartiers nichés au cœur des grandes mégalopoles, ces lacis de rues embaumés d’effluves familières et étrangères à la fois, rythmés par des mélopées échappées de cours intérieures.

 

Dans ces espaces-là, on est ici et un peu ailleurs aussi. Ce pourrait être Little Italy, Little Odessa, Little Spain ou Little Syria mais dans les vapeurs chaudes et l’air chargée en eucalyptus, TEMENIK ELECTRIC a balayé d’un revers la question communautaire pour explorer le monde de l’intime. Plongée dans le grand bain de LITTLE HAMMAM.

 

Retour en images. L’histoire de TEMENIK ELECTRIC épouse le cheminement sinueux d’une caravane. Des dunes algériennes de Beni-Abbès en 2007 jusqu’au premier album OUESH HADA en 2013 (élu Top Album par la référence anglaise, Songlines), depuis ses fondements méditerranéens aux plus grands festivals européens, le groupe marseillais a enfanté son projet sous d’heureux auspices.

 

L’opus suivant INCH’ALLAH BABY (2015), avec Justin Adams aux manettes dans les mythiques Real World Studios de Peter Gabriel (UK), avait confirmé un goût sûr pour l’arabian-rock, pour les tournées menées tambour battant et les salles de concerts métamorphosées en dance-floors. A la sortie de ce tourbillon, le chanteur-guitariste Mehdi Haddjeri avait ressenti le besoin de tramer une histoire plus personnelle sans doute. Une tentation de l’épure.

 

Dès lors, dans un rituel délicat sans surenchère ni éclat, TEMENIK ELECTRIC s’est lentement régénéré pour s’offrir un nouvel épiderme sonore. Un cuir où s’exacerbent les sentiments et les chansons introspectives, un power-rock aux parfums d’Orient, aux épices de house music et de transes gnaouies qui enflent et s’électrisent. Car derrière les atmosphères aux apparences apaisées, LITTLE HAMMAM abrite aujourd’hui les tourments les plus rock, toujours prêts à jaillir.

QUAND LA VOIX SE MET À NU…
 

A la pointe de ce brûlot, la voix mène le bal et s’ébat fiévreusement sous plusieurs climats. Elle chuchote, psalmodie, se confie, louvoie, incante pour finir par se libérer en gimmicks et en mélodies clamées et chantées en arabe ou en français…

 

S’enfoncer dans cet espace imaginaire de LITTLE HAMMAM, c’est d’abord déambuler avec cette voix, glisser de traverse en traverse, éviter les impasses et se poser à l’angle d’un croisement pour voir défiler la vie, l’amour et la mort. Malaxer l’émoi et voir ce que l’on peut extraire de tout ça. De ces rendez-vous manqués ou de ces attentes incertaines qui affleurent sur les pistes de M’CHA O JET, SITN’ GOULEK ou ESTANA FIK.

 

De l’exil et de ses questionnements aux réponses impossibles et à ce mirage d’une terre natale fantasmée comme dans ERLESH JEOU ou SANS GÊNES. L’atmosphère s’y voile imperceptiblement et l’émotion contrôlée tend à se délier pour mieux se muer en puissant lamento.

 

Mais la gageure de LITTLE HAMMAM, c’est avant tout d’attiser les contrastes avec ardeur : livrer des chansons pop qui irisent leurs parts d’ombre à la lumière et qui virevoltent aux rythmiques alawi, aux riffs rocks bien trempés, aux orfèvreries trip-hop et aux harmonies finement tressées.

 

 

LE FEU ET LES ÉMOTIONS À FLEUR DE PEAU
 

Et l’on sent à l’écoute de l’album que le feu qui couve ne cesse de s’amplifier sous une forme inhabituelle. Vivace et condensée. Contenue mais prête à rugir en révolte cinglante sur REDOUA GRID ou en effusions festives sur l’irrésistible BEIT BARRA. Et sans aucun doute sur la machine à danser MANICH MALEIK voué, à l’évidence, à de grandes liesses collectives en concert.

 

Derrière les émotions à fleur de peau et les envolées flamboyantes, c’est bien les méandres d’une intimité qui sont parcourus au fil des 11 titres. A la fois sombres et lumineux, parfois troubles et plus souvent nuancés qu’à leur tour. Alternant les températures et les variations qui jalonnent l’écriture, on s’immerge dans LITTLE HAMMAM comme dans un bain réparateur, célébrant les vivants et la permanence des absents. « Tu la connaîtras dans mes songes » murmure Mehdi Haddjeri sur BARKANI dans une promesse apaisante qui semble traverser l’album de part en part.

 

TEMENIK ELECTRIC affiche ainsi son nouveau visage, volontiers composite. Émouvant et puissant. Complexe et décomplexé. Mutant et méditerranéen. Il tient autant au cheminement de son leader qu’à un équipage renouvelé avec Florent Sallen à la batterie, Fred Alvernhe aux machines et Christophe Isselée aux guitares et à l’oud. Autour de Mehdi et du précieux co-fondateur Jérôme Bernaudon à la basse, l’ensemble façonne ses arrangements – parfois lyriques – et des textures électros qui consolident un son toujours estampillé arabian-rock. Plus que jamais avec LITTLE HAMMAM. Corps et âme pour TEMENIK ELECTRIC. Habité par la certitude d’avoir signé un album qui fera date pour avoir réussi le difficile pari de rallier les deux rives. Celles de l’intime et de l’universel…

– LINE-UP –

Mehdi Haddjeri (Lead Vocal / Guitare)
Florent Sallen
(Drums)
Jérome Bernaudon
(Basse, Baccking Vocal)
Frédéric Alvernhe
(Set Mix)
Christophe Isselee
(Guitare)

EN TOURNÉE

Prochainement en tournée